Émile Zola
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I
LES ORIGINES
En plein coeur de
Paris, à deux pas du Boulevard, de la Bourse, des Halles, dans ce
quartier commerçant où la vie grouille du matin au soir,
la rue Saint-Joseph est une sorte de passage à ciel ouvert étroit
et court, allant de la rue du Sentier à la rue Montmartre. Ce fut
là, au numéro 10, que, le 2 avril 1840, naquit Émile
Zola, d'un père italien, François Zola, et d'une mère
française, Émilie Aubert.
Voici d'abord les
détails biographiques que j'ai pu recueillir sur le père.
A Venise, au siècle dernier, il y avait des Zola. -- Il en existe
encore aujourd'hui, cousins éloignés de celui dont je veux
être le biographe. -- Un de ces Zola épousa une jeune
fille de l'île de Corfou. De ce mariage, croisement d'un Italien
et d'une Grecque, naquit, en 1796, un fils, qui reçut le prénom
de François.
François
Zola avait huit ans, quand Napoléon Ier devint empereur. En ce temps-là,
être Italien, c'était presque être Français,
et, par suite, se trouver destiné à la carrière militaire.
Il servit très jeune dans l'artillerie italienne. A dix-sept ans,
c'est-à-dire en 1813, il combattait en qualité d'officier
dans le corps du prince Eugène. Après la chute de Napoléon
Ier, la Vénétie tombant sous la domination autrichienne,
il abandonna la carrière militaire et se fit ingénieur civil.
Très intelligent et très actif, il publia en italien plusieurs
ouvrages de science, entre autres un certain Trattato di nivellazione,
qui lui valut d'abord le titre de membre de l'académie royale de
Padoue, puis, plus tard, une médaille du roi de Hollande. Il s'en
fallut donc de bien peu, à cette époque, que, s'étant
fait une position; il ne se fixât à jamais dans son pays.
Mais la domination autrichienne était là, depuis 1815, très
vexatoire, très lourde, attristant cette belle vie italienne qui
plaisait tant à Stendhal, appauvrissant et rendant inhabitables
la Lombardie et la Vénétie. A la suite de je ne sais quels
démêlés avec cette domination, l'ex-officier du prince
Eugène prend un grand parti: il s'expatrie. Alors commence une période
d'années aventureuses, pendant lesquelles, sans se fixer nulle part,
le jeune ingénieur accomplit une espèce de « tour d'Europe.
» D'abord, en Allemagne. Il coopère, comme ingénieur,
à la construction d'un des premiers chemins de fer allemands. De
l'Allemagne, il passe en Hollande; puis, en Angleterre. Après 1830,
le voici en France, ou plutôt, non ! pas encore en France ! mais
en Algérie, où, redevenu militaire, il sert comme capitaine
dans la légion étrangère. Enfin, après le licenciement
de cette légion, il quitte l'Algérie et débarque à
Marseille.
Dans cette ville,
le Vénitien, qui n'avait pu s'acclimater au milieu des brumes de
la Hollande, ni sous le brouillard perpétuel de Londres, se plut
tout de suite. La Cannebière avec ses cafés et ses passants
de toutes les nations, les allées de Meilhan ombragée de
platanes, la rue Saint-Ferréol avec l'élégance parisienne
de ses grands magasins, devaient le séduire. Tout cela bruyant,
éclatant de couleurs claires, gai de cette gaieté méridionale
des villes où la vie se passe en plein air; et il n'était
pas jusqu'au provençal, dont les syllabes chantantes ne lui rappelaient
le parler maternel. II se crut sans doute retourné dans sa patrie,
mais dans une patrie plus vivante, non engourdie comme l'autre sous le
joug de l'étranger, dans une atmosphère de commerce, d'industrie,
de grandes affaires, où son activité, jusque-là errante
et inquiète, allait enfin trouver à s'exercer. Il ouvrit
donc à Marseille un cabinet d'ingénieur civil.
François
Zola avait alors près de quarante ans, l'heure de la maturité,
l'heure où l'on sait bien ce que l'on veut, et où l'on commence
à voir clair dans sa vie. Décidé à ne plus
quitter cette seconde patrie de la Provence, il rêve, en travaillant
d'abord pour les simples particuliers, de se vouer tout entier à
quelque vaste projet d'intérêt public, qui rendra son nom
populaire et l'attachera pour toujours à la contrée. Certains
esprits, d'ailleurs, sont ainsi tourmentés par le besoin de faire
grand. Que pouvait-il entreprendre de grand, à Marseille? Marseille
ne vit que par la mer, par son commerce maritime. Et le Vieux-Port, très
sûr, mais étroit, toujours encombré de navires, était
reconnu bien insuffisant. Tout le commerce marseillais en réclamait
déjà hautement un nouveau. Après une minutieuse inspection
des lieux, après de mûres réflexions, il prépara
le projet d'un nouveau port, qu'il plaçait aux Catalans, au fond
d'une baie naturellement très abritée, avec passes de sortie
par les temps de mistral. Le mistral, ce terrible vent du nord-ouest, si
glacial et aux rafales si violentes, est le fléau de la Provence.
Les marins du golfe de Lion le redoutent, fuient devant lui, vont se réfugier
jusque, derrière la Corse et la Sardaigne. Son idée n'était
donc pas si mauvaise; elle était même si juste qu'on y revient
aujourd'hui. Mais, en ce temps-là, le projet de la Joliette l'emporta.
Les Marseillais eurent un port très rapproché de la ville,
mais peu sûr. Quant à lui, après beaucoup de travail,
de démarches, après un voyage inutile à Paris, il
ne lui resta qu'un dossier énorme, des atlas superbes qui sont encore
aujourd'hui en possession de son fils.
Il ne se découragea
pas. Il chercha, mais ailleurs qu'à Marseille. A une trentaine de
kilomètres, qui se parcouraient en ce temps-là en diligence,
il y a Aix, l'ancienne capitale de la Provence, devenue une simple sous-préfecture:
vingt-cinq mille âmes de population; peu de commerce, à part
les huiles et les amandes; peu d'industrie, en dehors des fabriques de
chapeaux ; mais un Archevêque, un premier Président de Cour
d'appel, un Recteur d'Académie; des Facultés de droit, de
théologie et des lettres, etc.; pas de Faculté des sciences
par exemple, comme si la Science était chose trop moderne et trop
vivante pour une ville du passé, toute à ses souvenirs, calme
et silencieuse, aux vieux hôtels mélancoliques. Telle qu'elle
était, cette sorte de Versailles provençale attirait alors
beaucoup notre ingénieur. Il lui arrivait souvent, dès cette
époque, 1836 et 1837, de venir y passer une journée. La veille,
pour être certain de pouvoir partir, il allait retenir sa place à
la diligence. Et, le matin, il montait dans le coupé, cours Belzunce.
Très accidentée et très pittoresque, parsemée
de courtes montées et de descentes rapides, la route était
amusante à faire. A Septèmes, un arrêt de dix minutes
pour changer de chevaux. Deux heures et demie après avoir quitté
le cours Bulzunce, la diligence débouchait au sommet de la montée
du Pont-de-l'Arc, parcourait au trot l'avenue de la Rotonde, et faisait
son entrée sur le Cours. -- « Aix a une belle entrée,
» disent généralement ceux qui y viennent pour la première
fois. En 1836, « le Cours, » qui s'appelle maintenant «
Cours Mirabeau, » et qui n'est plus ombragé que par des platanes,
arbre manant et villageois, au feuillage lourdaud, à l'ombre opaque
et triste, était alors d'un aspect plus noble, avec ses deux allées
d'ormeaux séculaires, au feuillage grêle, en harmonie avec
les vieux hôtels, sur lesquels se dentelait une ombre légère.
Mais, en ce temps-là, des trois fontaines du Cours, seule, la «
Fontaine-Chaude » répandait son eau fumante. Les deux autres,
celle du Roi-René et celle des Neuf-Canons, n'étaient là
que pour la forme. Des gamins enjambaient la vasque et y jouaient à
pied sec. L'ingénieur ayant remarqué que toutes les autres
fontaines d'Aix, l'été venu, ne coulaient pas davantage,
avait conçu, dans un de ses voyages, le projet de donner de l'eau
à cette ville altérée.
Toute cette partie
de la Provence est très sèche. Où prendre l'eau ?
D'où la faire arriver, avec les ressources restreintes d'une ville
de vingt-cinq mille mes, qui ne peut avoir comme Marseille la prétention
de détourner, pour son eau de table, une rivière lointaine?
Ces difficultés ne découragent pas François Zola.
Et l'idée lui vient de construire pour Aix un canal avec barrage,
comme il en avait vu en Allemagne, pays peu riche où l'on ne jette
pas les millions par les fenêtres. L'ingénieur multiplie donc
ses voyages, visite les environs, et, avec sa sûreté de coup
d'oeil, découvre aux portes de la ville, à trois kilomètres,
une gorge où les pentes voisines amènent toutes les eaux
de pluie. On peut barrer la gorge par une digue suffisante pour retenir
les eaux. Et il se formera ainsi une « petite mer, » sorte
d'immense citerne qui se remplira à la saison des pluies, et d'où
il sera aisé de conduire l'eau jusqu'à Aix, par un canal
très court et peu coûteux.
L'idée était
simple, juste, scientifiquement praticable. Seulement, en matière
de travaux publics, il y a loin de l'idée première à
la réalisation. A partir de cette année 1837, François
Zola se consacra tout entier à ce canal, le but désormais
de sa vie. Mais que d'obstacles ! que de mauvais vouloirs à combattre,
d'inerties privées et publiques à secouer ! Il fallait remuer
ciel et terre, trouver des fonds, arriver à la formation d'une société,
s'imposer aux autorités locales comme à l'autorité
supérieure. Le voilà tout le temps par monts et par vaux;
courant de Marseille à Aix et d'Aix à Marseille, puis faisant
des voyages à Paris. C'est dans un de ces voyages, en 1833, qu'il
se maria.
Il avait quarante-trois
ans, et celle qu'il épousait, dix-neuf. C'était une jeune
fille née aux environs de Paris, à Dourdan (Seine-et-Oise):
très simple, et, m'ont assuré ceux qui la connurent en ce
temps-là, très jolie. Il la vit, s'en éprit tout de
suite, oublia pour quelques semaines son idée fixe « le canal,
» et fit la demande aux parents, sans se préoccuper de la
dot. Il n'y en avait pas ! mais il n'en fut que plus heureux, et il se
remit au travail avec un plus grand courage. Sa femme lui devait tout,
elle lui rendit tout, en tendresse et en dévouement. Un an après,
naissait un fils qui reçut le prénom d'Émile.
Ce fils avait donc
dans les veines du sang de trois nations: deux grands parents maternels
français, un grand'père paternel italien, une grand'mère
paternelle grecque. En outre, s'il naquit à Paris, le 2 avril 1840,
entre deux voyages de ses parents à Aix, le rapprochement des dates
donnerait à croire qu'il a été conçu en Provence.
Et c'est en Provence, cette sorte d'Italie de la France, que le jeune Émile
passa la plus grande partie de son enfance et toute sa première
jeunesse.
Hier, 2 avril 1881,
je suis retourné voir cette rue Saint-Joseph. La nuit tombait. Le
marché Saint-Joseph, à peu près désert, allait
fermer. De l'éventaire de la fleuriste assise à la porte,
j'ai d'abord jeté un coup d'oeil dans l'intérieur. Les volailles
plumées, les choux et les carottes, les tas de pommes de terre,
dormaient déjà dans le gris du soir. Et, à la lueur
d'un seul bec de gaz allumé, la charpente, aux vieilles poutres
noires, semblait plus haute et plus vaste. Ce marché existait tel
quel, à l'époque où naquit celui qui devait écrire
le Ventre de Paris. Laissant là le marché, tournant
le dos au grouillement de la rue Montmartre, plus bruyant et plus hâtif
aux approches de la nuit, je me suis enfoncé dans l'étroite
rue en pente. Là, à cette heure, ni charrettes, ni fiacres;
de rares passants. En pleine fournaise parisienne, un peu du calme et de
l'intimité tranquille d'une ruelle de province. A gauche, debout
sur sa porte, une blanchisseuse, Gervaise peut-être, mais une Gervaise
les bras croisés, sa journée bien remplie, me regardant passer
presqu'avec surprise. A droite, des bouteilles contre une devanture : pas
un assommoir, une bibine bonasse où des maçons limousins,
déjà attablés, plantent leur cuiller dans des assiettes
de soupe aux choux. Puis, un fabriquant de malles et sacs de voyage, en
face d'un hangar plein de « voitures à bras, » pressées
les unes contre les autres, oisives, attendant le 8, jour du petit terme,
leurs brancards en l'air. Puis, une grande maison sans boutiques avec porte
bourgeoise et table d'hôte au premier, maison en cul-de-sac dont
le retrait forme avec la rue une petite place régulièrement
carrée. Du seuil de la table d'hôte, je me suis retourné
: J'avais devant moi le no. 10. Une autre grande maison, celle-là,
la plus belle de la rue, reconstruite en 1839: cinq fenêtres de façade,
cinq étages. Au rez-de-chaussée, une large porte cochère
qui n'était pas encore fermée. Le cinquième, un peu
en retrait sur le quatrième, avec terrasse terminée par une
rampe en fer. Et j'ai regardé les cinq fenêtres du quatrième,
celles immédiatement sous la terrasse. Il y avait justement de la
lumière à la dernière des cinq, du côté
de la rue du Sentier: c'est la fenêtre de la chambre où est
né Émile Zola.
En 1840, quand François
Zola arriva de Provence avec sa jeune femme sur le point d'accoucher, au
lieu de se loger dans une maison meublée comme à ses autres
voyages, prévoyant cette fois un long séjour nécessité
par les obstacles à vaincre pour la construction de son canal, il
acheta des meubles et loua ce quatrième douze cents francs. La maison,
toute neuve, venait d'être achevée. Les fenêtres de
la salle à manger seules donnaient sur la rue de derrière,
cette rue du Croissant, déjà bruyante et enfiévrée,
répandant chaque jour des millions de journaux aux quatre coins
de Paris, de la France, du monde entier. Quand l'installation fut terminée,
la layette prête, madame Aubert, la mère de madame François
Zola, arriva de Dourdan, et le petit être qu'on attendait n'eut plus
qu'à venir. -- « Pourvu que ce soit un garçon ! »
Tel était le voeu ardent du père et des deux femmes. Le voeu
fut exaucé. Le 2 avril 1840, vers onze heures du soir, sur un lit
de sangle placé tout contre la fenêtre que j'ai indiquée,
naissait le futur auteur des Rougon-Macquart.
Pendant que le jeune
Émile tétait sa nourrice et faisait ses premières
dents, son père, plus actif que jamais, se démenait à
Paris avec un redoublement de courage, espérant que ce fils profiterait
un jour du fruit de ses efforts. Voulant avoir tous les atouts dans son
jeu maintenant, il saisit avec empressement une occasion qui se présenta,
de faire la connaissance de M. Thiers. La protection de ce dernier lui
fut tout de suite acquise et lui devint très utile par la suite.
On travaillait alors
aux fortifications de l'enceinte de Paris. L'ingénieur invente une
machine pour le transport des terres. Grâce à M. Thiers, il
expérimente son invention à la porte de Clignancourt, la
perfectionne, la fait accepter. Et sa machine fonctionna à Montrouge,
en 1842. L'année suivante, à la suite de ce premier succès,
sûr désormais d'être soutenu à Paris, il revint
à son idée favorite, le canal, et partit pour Aix. Il s'y
fixa avec sa femme et son fils.
Émile avait
alors trois ans. Ses parents, à Aix, se logèrent d'abord
cours Sainte-Anne ; puis, peu après, impasse Sylvacanne, dans une
maison précédemment habitée par la famille de M. Thiers.
Au bout de deux ans et demi de séjour à Aix, François
Zola, n'étant pas encore arrivé à surmonter l'opposition
de certains propriétaires riverains, revint à Paris solliciter
« une ordonnance royale d'utilité publique. » Bien décidé
cette fois à ne remettre les pieds en Provence qu'en vainqueur,
il emmenait encore sa famille. Cette lutte suprême dura dix-huit
mois. Par conséquent, Émile habita pour la seconde fois Paris,
de cinq ans à six ans et demi.
Enfin, dans les
derniers mois de 1846, la famille put revenir à Aix. L'ingénieur,
protégé par M. Thiers, avait obtenu « l'ordonnance
royale. » Après dix ans d'efforts et de persévérance,
il allait pouvoir exécuter l'oeuvre projetée depuis si longtemps.
Il n'a que cinquante-un ans, et se sent encore plein de vie et de force.
De longues années ne lui restent-elles pas pour exécuter
l'oeuvre et jouir de la fortune laborieusement acquise, de la popularité
prochaine de son nom dans la contrée? Et puis, ce fils qui grandit
déjà en santé, en vigueur, on intelligence, ne se
trouve-t-il pas là pour hériter plus tard de tout cela? Aussi,
avec quelle jouissance profonde, le jour de l'inauguration des travaux
du canal, le père, la main de l'enfant dans la sienne, voit-il donner
le premier coup de pioche des terrassiers! Eh bien, trois mois après,
il était mort ! d'une pleurésie prise en surveillant ses
ouvriers, par un matin de mistral, dont le souffle glacé s'engouffrait
dans le vallon du barrage. Et quelle mort ! Pas même, chez lui, à
Aix, dans son lit, mais à Marseille, dans une chambre d'hôtel.
Mal à son aise, toussant déjà, et obligé d'aller
passer quarante-huit heures à Marseille pour affaires, il était
descendu comme d'habitude à l'hôtel Moulet, rue de l'Arbre,
aujourd'hui démolie. La pleurésie se déclara dans
la nuit, et, avec une violence telle que, le lendemain, force fut de faire
venir madame Zola. Son mari n'était déjà plus transportable,
et, au bout d'une douloureuse semaine, il lui expira dans les bras. Si
vous voulez vous faire une idée de cette fin affreuse, dans une
chambre d'hôtel, les malles pas même défaites, au milieu
de figures indifférentes, parmi le va-et-vient des voyageurs, relisez,
dans une Page d'amour : le récit que fait madame Grandjean
de la mort de son mari, hôtel du Var, rue Richelieu, dans une ville
où elle ne connaissait personne. Le romancier a reproduit là
quelques-uns des détails navrants du récit trop réel,
que bien des fois, depuis, il a entendu raconter par sa mère.
Le corps de François
Zola fut ramené à Aix et enterré dans le cimetière
de la ville. Si vous allez à Aix, arrivé à la porte
principale du cimetière, marchez droit devant vous, jusqu'à
ce que vous soyez devant le mur du fond. Là, vous trouverez une
tombe : une simple pierre, qu'entoure, à hauteur d'appui, une chaîne
en fer reliant six bornes de granit, et qui porte cette seule inscription
:
FRANÇOIS ZOLA
1796-l847
Celui qui est là,
depuis trente-quatre ans, laissait un fils en bas âge, une veuve
jeune, inexpérimentée aux affaires ; et, à ces deux
êtres sans défense dans la vie, pour tout héritage,
il léguait une entreprise, des travaux à peine en voie de
construction. Le canal a été achevé, non pas le projet
complet, beaucoup plus large, ne comprenant pas moins de trois barrages
échelonnés qui eussent rendu à peu près inutile,
plus tard, la construction du canal du Verdon. Mais, tel quel, ce canal
coule et alimente depuis lors les fontaines de la ville. Et la population,
seule reconnaissante, l'a toujours appelé « le canal Zola.
» Enfin, depuis peu, sous la République, il s'est trouvé
une municipalité aixoise qui s'est aperçue de l'ingratitude
des municipalités précédentes. Un boulevard d'Aix
s'appelle depuis six ans « Boulevard François Zola. »
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