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T... (Marquis de). — Lantier, lisant les faits divers, raconte à Mes-Bottes, à Bec-Salé, à Bibi-la-Grillade et à Coupeau que le marquis de T..., sortant d'un bal à deux heures du matin et se défendant contre trois mauvaises gouapes, boulevard des invalides, s'est débarrassé des deux premiers scélérats avec des coups de tête dans le ventre, et a conduit le troisième au poste, par une oreille [340]. (L'Assommoir.)

Taboureau (Madame). — Boulangère rue Turbigo. La plus belle boulangerie du quartier, toute une vitrine est réservée à la pâtisserie. Madame Taboureau est une amie de Lisa Quenu [94]. (Le Ventre de Paris.)

Tatin (Mademoiselle). — Lingère passage Choiseul. Pour lutter de bon marché avec le Bonheur des Dames, elle a dû baisser ses prix [28], elle est tombée en faillite [263] et a repris du travail chez les autres, aux Batignolles [443]. (Au Bonheur des Dames.)

Tardiveau (Baron de).— Personnage de la Petite Duchesse, pièce de Fauchery. Un vieux beau qui prend la duchesse Hélène pour une cocotte et se montre très vif. Le rôle est joué par Fontan [312]. (Nana.)

Tatan Néné. — Une blonde bonne enfant, à la poitrine de nourrice. Elle a gardé les vaches jusqu'à vingt ans, dans la Champagne pouilleuse [111]. Aujourd'hui, c'est la plus belle gorge de Paris. On se moque de sa naïveté, on lui fait croire des histoires énormes, par exemple que Bismarck mange de la viande crue, qu'il emporte les femmes sur son dos quand il les rencontre près de son repaire et qu'il a déjà eu de cette manière trente-deux enfants à quarante ans [114]. (Nana.)

Tavernier. — Un vieux médecin d'Orléans, qui ne sort plus. Georges Hugon invoque le prétexte de visites chez lui, pour aller rejoindre Nana à la Mignotte [210]. (Nana.)

Teissière (Madame). — Mondaine du second Empire; se livre à la galanterie et trouve des amants chez madame de Lauwerens [110]. Amie des Saccard. (La Curée.)

Testanière (Madame). — Protégée de madame Mélanie Correur, qui l'a recommandée au ministre Rougon [58]. (Son Excellence Eugène Rougon.)

Teuse (La). — Vieille servante du curé des Artaud, amenée de Normandie par l'abbé Caffin et léguée par lui à son successeur, Serge Mouret. Soixante ans, grosse comme une tour, face large. La Teuse boite fortement, avec des déhanchements lourds. Toujours grondante, maîtresse de la cure et de l'église, accoutumée aux manières pleines de rondeur de son premier maître, elle bouscule Serge dont l'affinement la déroute, dont les silences la blessent comme des cachotteries; mais elle le sert avec des attentions de mère [64], l'aimant d'une affection tyrannique et jalouse, n'ayant au fond d'antre souci que son bonheur et allant jusqu'à accepter Albine, si cette fille qu'elle abomine est la santé de monsieur le curé [382]. (La Faute de l'abbé Mouret.)

Théodore. — Professeur de piano. C'est un Belge à large face rose [398]. Il donne des leçons à Clarisse Bocquet et devient son amant. (Pot-Bouille.)

Théodore. — Fils d'un cartonnier. Doit se marier avec Nathalie Dejoie, mais il veut s'établir et demande une dot de six mille francs [135]. Las d'attendre, Théodore épouse la fille d'une ouvrière, qui lui apporte près de huit mille francs [383]. (L'Argent.)

Thérèse. — Ancienne voisine des Lorilleux, rue de la Goutte-d'Or. Les Lorilleux trouvent à Gervaise une certaine ressemblance avec cette femme qui est morte de la poitrine [73]. (L'Assommoir.)

The Truth. — Étalon de courses. Frangipane, au baron Verdier, est par Thé Truth et Lenore [388]. (Nana.)

Thibaudier. — Banquier à Caen. Père de Louise Thibaudier. Parrain et beau-père de Lazare Chanteau. Thibaudier, remarié six mois après la mort de sa première femme, a trois enfants du second lit [52] et, pris par sa nouvelle famille, la tête cassée de chiffres, s'intéresse peu à Louise qu'il a placée dans un pensionnat et qu'il envoie passer ses vacances chez des parents ou chez des amis [118]. Après le mariage des jeunes gens, Thibaudier trouve pour Lazare une place à Paris. Il n'intervient pas dans les brouilles du ménage et se borne à blâmer les combinaisons industrielles de son gendre, lui refusant toute aide pécuniaire. (La Joie de vivre.)

Thibaudier (Louise). — Fille du banquier. Madame Thibaudier est morte jeune, entre les bras de madame Chanteau, à qui elle a recommandé sa fille. A onze ans et demi, Louise est mince et fine; elle a le visage irrégulier, mais d'un très grand charme, avec de beaux cheveux blonds, noués et frisés comme ceux d'une dame. Thibaudier lui donnera cent mille francs de dot, qui s'ajouteront aux cent mille francs qu'elle tient de sa mère [118]. Madame Chanteau flaire celte fortune pour son fils ; elle poussera plus tard celui-ci dans les bras de Louise [190], espérant, provoquant même une faute qui rendrait le mariage inévitable.

Coquette et superficielle, Louise est devenue une jeune fille troublante, pleine de l'homme dans sa virginité, ayant, au fond de ses yeux limpides, le mensonge de son éducation [140]. Elle offre avec Pauline, si complètement équilibrée, un parfait contraste et fait penser à la Minouche, qui se caresse aux autres tant qu'on ne trouble pas son plaisir [142]. Détestée de la servante Véronique, qui l'appelle » la duchesse » [180], elle a vingt ans lorsque Pauline la surprend au cou de Lazare et la chasse violemment [192]; elle se réfugie à Arromanches, où sa tante éonie a loué un chalet [l97], et d'où elle revient plus tard, ramenée par Pauline qui, désolée des tristesses de son fiancé, sacrifie son propre amour pour rendre Lazare heureux [314]. Le mariage a lieu à Caen [323], les jeunes époux vont vivre à Paris, où Thibaudier a placé le mari dans une compagnie d'assurances. Mais Lazare ne garde pas cet emploi, il entame la dot de sa femme en des spéculations malheureuses, le ménage se détraque vite, donnant a Pauline la rancœur d'une immolation inutile. Louise, incapable de comprendre et de diriger son mari, partage ses affolements devant l'idée de la mort [342]; elle accouche à huit mois du petit Paul [383], et continue avec Lazare une existence de pauvreté relative, pleine de récriminations et de querelles. (La Joie de vivre.)

Louise meurt jeune [129]. (Le Docteur Pascal.)

Thomas. — Traiteur à Montmartre [298]. (L'Assommoir.)

Thomas (Anselme). — Ouvrier bourrelier du faubourg, à Plassans. Bon travailleur, garçon raisonnable; a épousé Justine Mégot, tenté par la rente de douze cents francs que lui font les Saccard. C'est un gros homme brun. Quand le ménage a deux enfants, Thomas prend en grippe le petit Charles; il exècre ce fils d'un autre, ce dégénéré fainéant et imbécile [229]. (Le Docteur Pascal.)

Thomas (Madame Anselme). — Voir MÉGOT (Justine).

Tison. — Tient un estaminet à Montsou [170]. (Germinal.)

Tissot (Les). — Amis des Deberle. Madame Tissot a des opinions littéraires, elle déclare Balzac impossible. Le fils Tissot est un grand jeune homme à qui Pauline Letellier trouve une bonne tête. Il y a une fillette de cinq ans, Valentine [19]. (Une Page d'Amour.)

Titreville (Madame). — Fleuriste-feuillagiste rue du Caire. Longue face sèche, personne sévère, ne plaisantant jamais [461]. C'est chez elle qu'Anna Coupeau fait son apprentissage. (L'Assommoir.)

Touche. — Petit rentier de la ville neuve, à Plassans. Fréquente un café delà place des Récollets, où il commente d'une voix grasse les nouvelles politiques [299]. (La Fortune des Rougon.)

Touche (l). — Clerc d'avoué à Plassans. Epouse Sidonie Rougon en 1838, va avec elle à Paris, tente un commerce de produits du Midi et meurt en 1850, après une existence très médiocre [65]. (La Curée.)

(1) Sidonie Rougon épouse en 1838 un clerc d'avoué de Plassans, qu'elle perd à Paris en 1850. (Arbre généalogique des Rougon-Macquart.)

Tourmal (Famille). — Famille de Bonneville, vivant de rapines. Le père aide à la contrebande, le grand-père va la nuit ramasser des huîtres à Roqueboise, dans le parc de l'Etat [130]. On les condamne tous deux à la prison. La femme Tourmal ravage les champs ; la fillette, dressée à la mendicité, par- court le pays en tendant la main et en volant ce qu'elle trouve. Secourue par Pauline Quenu, elle cherche à dérober une timbale [277], puis une cafetière [430]. (La Joie de vivre.)

Toutin-Laroche. — L'un des protecteurs et complices d'Aristide Saccard. Ancien inventeur d'un mélange de suif et de stéarine pour la fabrication des bougies, homme maigre et considérable, cerveau étroit ayant le génie des tripotages industriels. Au conseil municipal de Paris, il passe pour un administrateur de premier ordre et possède une grosse influence qu'il n'hésite pas à mettre au service d'Aristide Saccard, hardi spéculateur dans lequel il a pressenti une force [98]. Membre du conseil de surveillance de la Société générale des ports du Maroc, directeur du Crédit Viticole, il se pousse à travers mille trafics scandaleux, fait des bêtises en Bourse [180], et au moment où l'escroquerie des ports du Maroc devrait le conduire en correctionnelle, il sait se faire nommer sénateur par Napoléon III [278]. (La Curée.)

Tricon (La).—Une entremetteuse connue. Vieille dame de haute taille, portant des anglaises, ayant la tournure d'une comtesse qui court les avoués. Elle fait des affaires avec toutes ces dames. Les petites femmes des Variétés la contemplent avec une émotion respectueuse [168]. Au Grand Prix, du haut d'un fiacre, elle domine la foule et semble régner sur tout son peuple de femmes; toutes lui sourient discrètement. D'ailleurs, elle n'a pas l'air de les connaître, elle n'est pas là pour travailler; c'est une joueuse enragée, qui a la passion des chevaux [387]. Nana est une de ses clientes assidues. (Nana.)

Trompette. — Un cheval bai, de trois ans à peine, qu'on a descendu dans la fosse du Voreux, où il est le compagnon de Bataille, il ne s'acclimate pas dans ce trou noir, il tire ses berlines sans goût, restant la tête basse, aveuglé de nuit, avec le constant regret du soleil [210]. Trompette meurt au bout de quelques mois [475] et, comme on le remonte le matin de l'émeute, son cadavre, un tas de chair morte, monstrueux et lamentable, gît au milieu des cadavres d'hommes, tout petits, l'air pauvre avec leur maigreur de misère [489]. (Germinal.)

Tron. — Garçon de cour à la ferme de la Borderie. Sorte de géant à la peau blanche, au poil roux, à l'air enfantin, avec des yeux doux et stupides. Il est originaire du Perche. Amant de la Cognette, à qui ce beau mâle inspire de véritables fringales, il ressent pour elle une jalousie de brute, il a des colères sournoises que sa force rend terribles [287]. Congédié par le maître, il ouvre une trappe sous les pas d'Alexandre Hourdequin; puis, comme la Cognette ne lui pardonne pas ce meurtre imbécile, qui la ruine, il met le feu à la ferme [515]. (La Terre.)

Tronche (Honoré). — Beau-frère de l'abbé Faujas et mari d'Olympe. C'est un garnement de Besançon, à bas instincts, un cynique personnage qui tient l'abbé par des histoires du passé et que Faujas utilise à de sales besognes. Sa face toute couturée, suant le vice, est comme allumée par deux petits yeux noirs qui roulent d'un air de convoitise, des yeux de voleur. Il a un cou rougeâtre et sa bouche est vide de dents [138]. Faujas le place comme secrétaire chez les Dames de la Vierge, aux appointements annuels de quinze cents francs [141]. Pendant que sa femme envahit lentement la maison des Mouret, Honoré se répand au dehors, fréquente des maisons louches où il rencontre le fils Porquier, s'enivre, débauche les fillettes de l'Œuvre; mais il rend d'éminents services à l'abbé Faujas en proclamant partout la folie de François Mouret [299], puis en travaillant les faubourgs, où il ruine en douceur la candidature Maurin [310]. (La Conquête de Plassans.)

Tronche (Madame). — Voir FAUJAS (Olympe).

Trouille (La).— Fille d'Hyacinthe Fouan, dit Jésus-Christ. Son véritable prénom est Olympe, son surnom vient de ce que, matin et soir, Jésus-Christ la traite de sale trouille. Elle est née d'une rouleuse de routes ramassée sur le revers d'un fossé, à la suite d'une foire, et recueillie par Hyacinthe ; après trois ans de vie commune, la gueuse est partie comme elle était venue, emmenée par un autre homme. L'enfant a poussé dru. Maigre et nerveuse comme une branche de houx, elle a un museau effronté de chèvre, une grande bouche se tordant à gauche, des yeux verts à fixité hardie, des cheveux blonds embroussaillés, l'allure d'un garçon. Sa passion est dans ses oies; elle possède une vingtaine de bêles qu'elle nourrit de maraude [39]. Dès l'enfance, elle se laissait culbuter par des galopins de son âge, Delphin Bécu, Nénesse Delhomme, et son père la corrigeait à coups de fouet [220]. Elle est en admiration continuelle devant ce Jésus-Christ venteux et gueulard, gentil seulement lorsqu'il est soûl, et qui lui inspire à la fois de la tendresse et de la terreur. A dix-huit ans, elle reste un vrai garçon, qui n'aime que ses bêtes et se moque bien des hommes, ce qui ne l'empêche pas, quand elle joue à se taper avec quelque galopin, de finir le jeu sur le dos, naturellement, parce que c'est fait pour ça et que ça ne tire pas à conséquence [319]. Honnête à sa façon, elle refuse les avances de Leroi, dit Canon [324] et éclate en larmes lorsque Nénesse lui fait l'affront de l'engager à travailler dans une maison publique [462]. (La Terre.)

Trublot (Hector). — Fils de famille, employé chez l'agent de change Desmarquay, en attendant l'achat d'une part. Forte barbe noire, sérénité de jeune dieu indien, grande myopie. Ce mâle solide, entêté dans ses goûts, a une haine tranquille du mariage, il ne cherche ses maîtresses ni parmi les femmes de la société, à cause des embêtements du lendemain [161], ni parmi les filles, avec lesquelles, suivant lui, on n'en a jamais pour son argent [242]. N'ayant pas de position à se faire et n'écoutant que son goût, il couche tranquillement avec les bonnes. Quand Trublot dîne en ville, il s'échappe du salon pour aller pincer les cuisinières devant leur fourneau et, lorsque l'une d'elles veut bien lui donner sa clé, il file avant minuit et monte l'attendre patiemment dans sa chambre, assis sur une malle, en habit noir et en cravate blanche [130]. Ces robustes filles lui donnent plus de plaisir que toutes les femmes de la bourgeoisie, maniérées et sans tempérament. (Pot-Bouille.)

Tu-m'as-trompé-Adèle. — Surnom d'un professeur de physique du collège de Plassans, un cocu légendaire, auquel dix générations de galopins jetaient le nom de sa femme, jadis surprise, dit-on, entre les bras d'un carabinier [37]. (L'Œuvre.)